EXAMEN DE L'APPAREIL GENITAL DE LA VACHE
Généralités
L'examen de l'appareil génital de la vache peut être réalisé sur un animal particulier, individuellement, ou sur plusieurs animaux dans le cadre de suivi de reproduction. Dans ce cas, les animaux sont examinés régulièrement, à différents moments de leur cycle reproductif:
contrôle de l'involution utérine à 30 jours post-partum.
contrôle de l'activité ovarienne.
diagnostic de gestation.
examen d'une vache infertile.
Tout examen clinique comprend différents temps, l'inspection et la palpation. Pour chaque organe :
A l'inspection, on examinera des modifications de couleur (muqueuses), de forme, de volume, de position.
A la palpation, on notera les modifications de volume, de forme, de position, de mobilité, de consistance, de contractilité et éventuellement des zones de chaleurs.
Recueil des commémoratifs
Dans le cadre de suivi de troupeau, il est important de suivre l'animal et de disposer d'une fiche individuelle sur laquelle figurent les événements de la vie reproductive de l'animal (vêlage, chaleurs, IA) et les événements pathologiques.
Dans l'anamnèse, différents éléments sont importants pour déterminer le stade de la vie génitale auquel on intervient et les objectifs en matière de reproduction. Les principaux éléments à connaître sont :
o l'âge.
o les dates de mise bas, de chaleurs, de mise à la reproduction.
o les conditions de vêlage.
o l'état corporel.
o la production laitière.
Contention
La contention la plus simple, dans un lieu habituel, est la plus adaptée. En général, la vache est à l'attache au cornadis ou dans une logette. Il faut éviter les systèmes où la mobilité latérale est facile. Si la vache réagit beaucoup, on peut la faire tenir à la tête ou au nez par l'éleveur. Exceptionnellement, il sera nécessaire d'entraver les postérieurs.
Examen général
L'état d'engraissement et l'état de propreté de l'animal doivent être notés (cf. grille ITEB). En effet, les vaches trop grasses ou trop maigres ont une reprise de l'activité ovarienne tardive après vêlage et une fertilité médiocre.
On peut également observer la facilité de mouvement lors des déplacements. En effet, l'intégrité de l'appareil locomoteur conditionne l'expression du comportement sexuel (acceptation du chevauchement, augmentation de l'activité locomotrice).
Examen de la région périgénitale
Le clinicien inspecte la symétrie du bassin, les ligaments sacro-sciatiques, le port de la queue et l'attitude de la femelle (le dos voussé est un signe de douleur abdominale).
Inspection rapprochée de la sphère génitale
En soulevant la queue, l'opérateur examine la région périnéale et la face interne de la queue, en recherchant des traces de sécrétions d'origine génitale (glaires de chaleur ou pus lors de métrite).
Palpation de la région périgénitale
Le bord caudal des ligaments sacro sciatiques est tendu en temps normal et relâché 1 à 2 jours avant vêlage. Ces ligaments sont palpés entre 2 doigts de chaque côté de la base de la queue.
De part et d'autre de l'anus, la palpation des ganglions ano-rectaux permet, lors d'hypertrophie, de déceler une éventuelle inflammation loco-régionale.
Examen de la vulve
Inspection de la vulve
L'axe de la vulve est vertical. Lors de relâchement des ligaments sacrosciatiques avant vêlage, elle peut prendre une position oblique.
La vulve se trouve dans le même plan que les pointes ischiales. Lors de maigreur de l'animal ou de torsion utérine, la vulve semble enfoncée, comme "aspirée" vers l'abdomen.
La commissure supérieure de la vulve peut disparaître suite à une déchirure consécutive à un part dystocique et, dans ce cas, l'anus et la vulve sont réunis en un cloaque.
L'examen de la commissure inférieure permet de détecter des écoulements en provenance de l'appareil génital : les poils de la commissure inférieure sont humides et collés par ces sécrétions. Les écoulements filants, translucides sont un signe d'œstrus, alors que des glaires cassantes, troubles ou jaunâtres signent une infection (métrite ou vaginite). A noter toutefois que ces écoulements sont souvent souillés par les excréments et ne sont pas toujours interprétables.
Vulve et région périnéale de la vache
Inspection interne
Les lèvres de la vulve, saisies entre le pouce et l'index, sont écartées mettant en évidence le clitoris. L'inspection interne permet d'apprécier la coloration de la muqueuse vulvo-vestibulaire, la morphologie du clitoris. La surface de la muqueuse vestibulaire est normalement rosée, humide et lisse. Une hyperplasie des follicules lymphoïdes donne à la muqueuse un aspect bosselé et signe une infection locale.
Palpation de la vulve
Par palpation, on apprécie l'épaisseur des lèvres vulvaires. Les lèvres sont petites chez les femelles free martin (c'est à dire jumelles d'un mâle) et chez les animaux atteints d'une aplasie gonadique. En revanche, elles sont plus oedématiées, plus épaisses et rouges lors des chaleurs (signe peu visible chez la vache), de la préparation au vêlage ou d'inflammation locale.
La vulve peut être l'objet de déformations diverses : déchirures, cicatrices consécutives à un part difficile, abcès ou tumeurs (rares). Ces déformations entraînent une obstruction imparfaite du conduit génital, dans lequel se produit un va-et-vient d'air à chaque déplacement de l'animal (pneumo-vagin, fréquent chez la jument).
Examen du vagin
L'examen interne du tractus génital comprend 2 étapes : (1) l'examen du vagin et de la partie caudale du col grâce à un spéculum ou un vaginoscope. (2) la palpation transrectale du col, des cornes, des trompes utérines et des ovaires.
Il est conseillé d'effectuer d'abord la palpation transrectale pour 2 raisons :
La pose du spéculum provoque un pneumovagin (entrée d'air dans la cavité vaginale)
Lors de la palpation de l'appareil génital par voie rectale, le massage de l'utérus peut entraîner le passage des sécrétions de l'utérus vers le vagin. L'examen du vagin au spéculum est alors plus riche d'informations.
Inspection du vagin
La lumière du vagin est quasiment virtuelle, aussi l'inspection exige l'utilisation d'un instrument destiné à écarter les parois de l'organe et d'une source lumineuse. Il s'agit de spéculum ou de vaginoscope.
Préparation de l'animal : Afin de ne pas introduire d'éléments souillés dans le vagin, il est indispensable de pratiquer un nettoyage complet de la région périgénitale. A l'aide de lavettes (papier absorbant) à usage unique et d'eau tiède additionnée d'un antiseptique doux (solutions iodophores, polyvidone iodée, chlorhexidine), on nettoie la région périgénitale, la vulve et notamment la commissure inférieure au niveau de laquelle s'accrochent les souillures et les fèces. Il faut s'assurer que la queue est maintenue déviée par un aide et ne revient pas contaminer la vulve.
• Mise en place du spéculum : le spéculum n'est pas lubrifié afin de ne pas confondre le lubrifiant avec les sécrétions vaginales. Mais l'instrument peut être préalablement trempé dans une solution antiseptique tiède. Les lèvres vulvaires sont écartées, puis le vaginoscope est avancé d'abord en direction crânio-dorsale sur environ le tiers de sa longueur, puis horizontalement. S'il s'agit d'un spéculum, les 2 valves sont écartées et la cavité vaginale est inspectée à l'aide d'une lampe. Le vaginoscope est orienté de manière à observer la partie caudale du col utérin.
Informations à rechercher
Sécrétions physiologiques:
- Les glaires de chaleur (100-200ml), physiologiques, sont translucides et filantes.
- Un bouchon muqueux, formé par la concrétion de la glaire cervicale est physiologique. Il obture le col pendant toute la durée de la gestation. Il se ramollit et est expulsé 1 à 8 jours avant la mise bas; on peut alors observer la présence du bouchon muqueux, collant, jaunâtre, à la commissure inférieure de la vulve ou à la face ventrale de la queue.
- Après le vêlage, on observe pendant 5 à 8 jours des lochies, sécrétions sanguinolentes de couleur lie de vin. Elles correspondent à un mélange de restes d'eaux fœtales, de sang lié à la rupture du cordon ombilical ou de débris de placenta. Elles sont expulsées de la cavité utérine pendant la période post-partum.
Sécrétions anormales
Lors de métrite, les glaires de chaleur deviennent troubles et cassantes et peuvent contenir des filaments de fibrine.
Lors d'infections de l'utérus (pyomètre), du pus peut être observé en quantité plus ou moins importante, soit uniquement en période de chaleurs (lorsque le col est ouvert), soit constamment.
Vagin :
Des rétrécissements de la lumière vaginale provoquent une résistance à la mise en place du spéculum (persistance de l'hymen, brides vaginales) ou lors de sténose cicatricielle ou d'adhérences. Des augmentations de volume de la paroi sont observées en cas d'abcès, d'hématomes ou de kystes de rétention des canaux de Gartner ou des glandes de Bartholin. Chez les femelles free martin, la longueur de la cavité vaginale peut être anormalement courte.
La cavité vaginale peut également contenir de l'urine (uro-vagin), des excréments (fistule recto-vaginale), du mucus (lors des chaleurs) ou du pus (vaginite ou métrite).
Partie vaginale du col :
L'inspection du vagin permet d'examiner la partie postérieure du col, en forme de rosette (ou fleur épanouie). On note son aspect, sa couleur, le degré d'ouverture du premier anneau et les sécrétions éventuelles.
Pendant les chaleurs, le canal cervical s'ouvre et la muqueuse est congestionnée, alors que pendant la phase lutéale, le col apparaît ferme et pâle. On peut observer éventuellement des déchirures récentes ou plus anciennes (cicatrices).
Cet examen vaginoscopique est capital pour détecter précocement les métrites, notamment s'il est réalisé au moment des chaleurs. Il est réalisé systématiquement 30 jours après vêlage ou de manière ponctuelle, lors d'infertilité. Les sécrétions sont observées à la sortie du col ou sur le plancher du vagin.
Palpation du vagin
L'exploration vaginale par palpation est principalement indiquée lors de la mise bas ou chez les femelles en post-partum afin de vérifier l'intégrité du vagin et du col. Cette palpation est pratiquée avec la main et le bras gantés et après nettoyage de la région périnéale
Exploration par voie rectale
Technique
Le bras est ganté et lubrifié abondamment. Le pourtour de l'anus est massé et les doigts sont réunis en cône pour franchir le sphincter anal. L'ampoule rectale est vidangée afin que les doigts soient en contact intime avec la muqueuse rectale. Des ondes péristaltiques peuvent gêner l'examen.
L'examen doit être rigoureux et systématique pour explorer l'ensemble de l'appareil génital.
Palpation du col
Le col est d'abord recherché : il se trouve normalement sur le plancher du bassin, parfois un peu à droite en raison de la réplétion du rumen. Il a la forme d'un cylindre ferme de 7 à 10 cm de long et de 2 à 6 cm de diamètre. Par palpation rectale, il est possible de saisir entièrement le col et de le mobiliser. Le col ne doit pas présenter d'adhérences avec les organes adjacents.
Les augmentations de volume signent une mise bas récente, les dissymétries orientent vers un abcès, une blessure (lors de la parturition).
Il est à noter que certaines femelles peuvent présenter un col double ou au contraire une absence de col (femelles free martin ou génisses blanches).
Palpation des cornes
Après le col, la main palpe le corps utérin jusqu'à la bifurcation des cornes. En fait, les cornes restent attachées par les ligaments cornuaux, sur une bonne dizaine de cm de longueur. On suit alors les cornes utérines recourbées vers le bas et vers l'arrière de l'animal et divergeant latéralement. Les 2 éléments caractéristiques pour reconnaître les cornes sont le sillon entre les 2 cornes et leur courbure. Leur longueur est de 25 à 40 cm et leur diamètre est de 3-4 cm à la base des cornes, diminuant jusqu'à la jonction utéro-tubaire.
Une autre technique pour palper l'utérus consiste à placer la main bien en avant de l'entrée du bassin, les doigts incurvés ventralement, puis à le ramener vers l'arrière jusqu'à rassembler l'utérus dans la cavité pelvienne.
Si l'utérus est trop descendu dans la cavité abdominale, la mobilisation de l'utérus permet parfois de rassembler l'appareil génital dans la cavité pelvienne et de faciliter son examen. Les techniques de mobilisation de l'utérus sont les suivantes : (1) saisir le col et tirer l'utérus vers la cavité pelvienne. (2) saisir l'utérus entre les 2 cornes pour le déplacer vers l'arrière (3) ramener l'utérus dans la cavité pelvienne en le maintenant dans son ensemble entre la main et l'avant bras.
Volume
Chez les femelles free martin, il peut exister une hypoplasie ou une aplasie des cornes utérines. Chez les génisses ou les vaches primipares non gravides, les cornes sont rassemblées dans la cavité pelvienne. Par contre, chez les vaches plus âgées ou lors de contenu utérin important (gestation, métrite), l'utérus descend dans la cavité abdominale, au-delà du bord antérieur du pubis.
La taille de l'utérus augmente lors de gestation, l'utérus descend dans la cavité abdominale jusqu'à atteindre la paroi abdominale droite. L'utérus ne reprend sa forme et ses dimensions normales qu'environ 1 mois après la mise bas. Cette phase est appelée involution utérine.
Forme
L'asymétrie des cornes utérines peut correspondre à la déformation de l'utérus consécutive à des gestations successives. Cette asymétrie des cornes est également un signe du début de gestation.
Consistance
La consistance de l'utérus varie au cours du cycle œstral : Pendant les chaleurs, l'utérus est oedématié et relativement mou en début de palpation, au cours de l'examen, l'activité contractile du myomètre entraîne un affermissement de l'organe. Sa consistance est plus souple et constante pendant la phase lutéale. Cependant, ces modifications ne sont pas suffisantes pour situer une vache dans son cycle.
Lors de gestation, la consistance de l'utérus est liquidienne, fluctuante.
Une consistance pâteuse de l'utérus à l'examen est signe d'infection utérine. La paroi utérine peut présenter des indurations correspondant à des formations cicatricielles.
Mobilité
Les cornes utérines sont normalement mobiles dans l'abdomen.
La mobilité peut être diminuée en raison d'adhérences formées entre le grand omentum, la paroi abdominale ou les organes adjacents (après césarienne, par exemple).
Palpation des ovaires
Les ovaires sont situés au niveau de la branche montante de l'ilium, on les palpe soit en suivant l'enroulement des cornes utérines, soit en les recherchant latéralement, de 2 à 5 cm de part et d'autre de la bifurcation utérine. La taille des ovaires varie en fonction des organites présents, elle est environ de 3-5 cm de longueur et de 2-4 cm de largeur.
Lors d'anoestrus, les ovaires sont de petite taille et lisses, aucune structure n'est détectable à leur surface. Il existe également des cas d'hypoplasie ovarienne d'origine héréditaire.
Sur l'ovaire, on recherche des structures physiologiques, le corps jaune ou des gros follicules et éventuellement des formations pathologiques, des kystes par exemple. On différentie ces organites par leur taille et leur consistance.
Les follicules se présentent sous la forme de vésicules à contenu liquidien, à paroi mince et enchâssées dans le stroma ovarien. A la palpation, on perçoit une structure lisse, sphérique et dépressible, qui déforme peu la surface ovarienne. Le diamètre varie de 1 à 2 cm pour les gros follicules.
Les corps jaunes sont des formations plus denses non dépressibles, faisant saillie à la surface de l'ovaire. Un sillon disjoncteur sépare la surface de l'ovaire de la partie proéminente du corps jaune, dont la forme est classiquement comparée à un bouchon de champagne. Les corps jaunes sont palpables à partir de 4 jours après l'ovulation. Le corps jaune mature a une taille de 2 cm sur 3 cm. En fin de cycle, le corps jaune peut persister jusqu'à 4 jours après l'ovulation, sa taille est plus réduite (1 cm à 2 cm). Certains corps jaunes présentent une cavité en leur centre.
L'identification d'un corps jaune sur l'ovaire permet d'affirmer que la vache est cyclée. C'est la formation palpée pendant les 2 tiers du cycle chez la femelle cyclée.
Les kystes sont des formations dont le diamètre est supérieur à 2.5 cm de diamètre et qui persistent à la surface de l'ovaire. Ils concernent 5 à 10 % des vaches, notamment en postpartum. On distingue :
Les kystes folliculaires correspondent à des follicules n'ayant pas ovulé. Ils contiennent du liquide, ils présentent une paroi mince et sont dépressibles.
Les kystes lutéaux sont des structures lutéinisées, persistantes et à paroi plus épaisse.
Le diagnostic du kyste est établi par la mise en évidence d'une structure volumineuse (4-5 cm) ou par la réalisation de 2 examens à 15 jours d'intervalle et la palpation de la même structure persistante sur l'ovaire.
Palpation de la bourse ovarique et des trompes utérines (oviductes ou salpinx)
La trompe utérine est palpée au niveau du bord antérieur du ligament large où elle chemine de l'extrémité de la corne utérine jusqu'à l'ovaire. La trompe utérine est un cordon souple, de 10 à 15 cm de long et de trajet sinueux ; elle est assez difficile à palper en raison de son faible diamètre (1-2 mm).
La bourse ovarique est ouverte chez les bovins, elle est formée d'une partie du mesosalpinx et du mesovarium. En déployant la bourse ovarique avec l'index, on peut mettre en évidence d'éventuelles adhérences consécutives, par exemple, à une énucléation manuelle du corps jaune ou à une ovarite.
Les salpingites (inflammation de la trompe utérine) provoquent un épaississement des oviductes et des renflements irréguliers (oviducte en chapelet). Ces inflammations aboutissent fréquemment à l'obstruction des trompes utérines. Une augmentation du diamètre est observée lors d'hydrosalpinx ou de pyosalpinx, la trompe a alors une consistance liquidienne ou pâteuse.
Généralités
L'examen de l'appareil génital de la vache peut être réalisé sur un animal particulier, individuellement, ou sur plusieurs animaux dans le cadre de suivi de reproduction. Dans ce cas, les animaux sont examinés régulièrement, à différents moments de leur cycle reproductif:
contrôle de l'involution utérine à 30 jours post-partum.
contrôle de l'activité ovarienne.
diagnostic de gestation.
examen d'une vache infertile.
Tout examen clinique comprend différents temps, l'inspection et la palpation. Pour chaque organe :
A l'inspection, on examinera des modifications de couleur (muqueuses), de forme, de volume, de position.
A la palpation, on notera les modifications de volume, de forme, de position, de mobilité, de consistance, de contractilité et éventuellement des zones de chaleurs.
Recueil des commémoratifs
Dans le cadre de suivi de troupeau, il est important de suivre l'animal et de disposer d'une fiche individuelle sur laquelle figurent les événements de la vie reproductive de l'animal (vêlage, chaleurs, IA) et les événements pathologiques.
Dans l'anamnèse, différents éléments sont importants pour déterminer le stade de la vie génitale auquel on intervient et les objectifs en matière de reproduction. Les principaux éléments à connaître sont :
o l'âge.
o les dates de mise bas, de chaleurs, de mise à la reproduction.
o les conditions de vêlage.
o l'état corporel.
o la production laitière.
Contention
La contention la plus simple, dans un lieu habituel, est la plus adaptée. En général, la vache est à l'attache au cornadis ou dans une logette. Il faut éviter les systèmes où la mobilité latérale est facile. Si la vache réagit beaucoup, on peut la faire tenir à la tête ou au nez par l'éleveur. Exceptionnellement, il sera nécessaire d'entraver les postérieurs.
Examen général
L'état d'engraissement et l'état de propreté de l'animal doivent être notés (cf. grille ITEB). En effet, les vaches trop grasses ou trop maigres ont une reprise de l'activité ovarienne tardive après vêlage et une fertilité médiocre.
On peut également observer la facilité de mouvement lors des déplacements. En effet, l'intégrité de l'appareil locomoteur conditionne l'expression du comportement sexuel (acceptation du chevauchement, augmentation de l'activité locomotrice).
Examen de la région périgénitale
Le clinicien inspecte la symétrie du bassin, les ligaments sacro-sciatiques, le port de la queue et l'attitude de la femelle (le dos voussé est un signe de douleur abdominale).
Inspection rapprochée de la sphère génitale
En soulevant la queue, l'opérateur examine la région périnéale et la face interne de la queue, en recherchant des traces de sécrétions d'origine génitale (glaires de chaleur ou pus lors de métrite).
Palpation de la région périgénitale
Le bord caudal des ligaments sacro sciatiques est tendu en temps normal et relâché 1 à 2 jours avant vêlage. Ces ligaments sont palpés entre 2 doigts de chaque côté de la base de la queue.
De part et d'autre de l'anus, la palpation des ganglions ano-rectaux permet, lors d'hypertrophie, de déceler une éventuelle inflammation loco-régionale.
Examen de la vulve
Inspection de la vulve
L'axe de la vulve est vertical. Lors de relâchement des ligaments sacrosciatiques avant vêlage, elle peut prendre une position oblique.
La vulve se trouve dans le même plan que les pointes ischiales. Lors de maigreur de l'animal ou de torsion utérine, la vulve semble enfoncée, comme "aspirée" vers l'abdomen.
La commissure supérieure de la vulve peut disparaître suite à une déchirure consécutive à un part dystocique et, dans ce cas, l'anus et la vulve sont réunis en un cloaque.
L'examen de la commissure inférieure permet de détecter des écoulements en provenance de l'appareil génital : les poils de la commissure inférieure sont humides et collés par ces sécrétions. Les écoulements filants, translucides sont un signe d'œstrus, alors que des glaires cassantes, troubles ou jaunâtres signent une infection (métrite ou vaginite). A noter toutefois que ces écoulements sont souvent souillés par les excréments et ne sont pas toujours interprétables.
Vulve et région périnéale de la vache
Inspection interne
Les lèvres de la vulve, saisies entre le pouce et l'index, sont écartées mettant en évidence le clitoris. L'inspection interne permet d'apprécier la coloration de la muqueuse vulvo-vestibulaire, la morphologie du clitoris. La surface de la muqueuse vestibulaire est normalement rosée, humide et lisse. Une hyperplasie des follicules lymphoïdes donne à la muqueuse un aspect bosselé et signe une infection locale.
Palpation de la vulve
Par palpation, on apprécie l'épaisseur des lèvres vulvaires. Les lèvres sont petites chez les femelles free martin (c'est à dire jumelles d'un mâle) et chez les animaux atteints d'une aplasie gonadique. En revanche, elles sont plus oedématiées, plus épaisses et rouges lors des chaleurs (signe peu visible chez la vache), de la préparation au vêlage ou d'inflammation locale.
La vulve peut être l'objet de déformations diverses : déchirures, cicatrices consécutives à un part difficile, abcès ou tumeurs (rares). Ces déformations entraînent une obstruction imparfaite du conduit génital, dans lequel se produit un va-et-vient d'air à chaque déplacement de l'animal (pneumo-vagin, fréquent chez la jument).
Examen du vagin
L'examen interne du tractus génital comprend 2 étapes : (1) l'examen du vagin et de la partie caudale du col grâce à un spéculum ou un vaginoscope. (2) la palpation transrectale du col, des cornes, des trompes utérines et des ovaires.
Il est conseillé d'effectuer d'abord la palpation transrectale pour 2 raisons :
La pose du spéculum provoque un pneumovagin (entrée d'air dans la cavité vaginale)
Lors de la palpation de l'appareil génital par voie rectale, le massage de l'utérus peut entraîner le passage des sécrétions de l'utérus vers le vagin. L'examen du vagin au spéculum est alors plus riche d'informations.
Inspection du vagin
La lumière du vagin est quasiment virtuelle, aussi l'inspection exige l'utilisation d'un instrument destiné à écarter les parois de l'organe et d'une source lumineuse. Il s'agit de spéculum ou de vaginoscope.
Préparation de l'animal : Afin de ne pas introduire d'éléments souillés dans le vagin, il est indispensable de pratiquer un nettoyage complet de la région périgénitale. A l'aide de lavettes (papier absorbant) à usage unique et d'eau tiède additionnée d'un antiseptique doux (solutions iodophores, polyvidone iodée, chlorhexidine), on nettoie la région périgénitale, la vulve et notamment la commissure inférieure au niveau de laquelle s'accrochent les souillures et les fèces. Il faut s'assurer que la queue est maintenue déviée par un aide et ne revient pas contaminer la vulve.
• Mise en place du spéculum : le spéculum n'est pas lubrifié afin de ne pas confondre le lubrifiant avec les sécrétions vaginales. Mais l'instrument peut être préalablement trempé dans une solution antiseptique tiède. Les lèvres vulvaires sont écartées, puis le vaginoscope est avancé d'abord en direction crânio-dorsale sur environ le tiers de sa longueur, puis horizontalement. S'il s'agit d'un spéculum, les 2 valves sont écartées et la cavité vaginale est inspectée à l'aide d'une lampe. Le vaginoscope est orienté de manière à observer la partie caudale du col utérin.
Informations à rechercher
Sécrétions physiologiques:
- Les glaires de chaleur (100-200ml), physiologiques, sont translucides et filantes.
- Un bouchon muqueux, formé par la concrétion de la glaire cervicale est physiologique. Il obture le col pendant toute la durée de la gestation. Il se ramollit et est expulsé 1 à 8 jours avant la mise bas; on peut alors observer la présence du bouchon muqueux, collant, jaunâtre, à la commissure inférieure de la vulve ou à la face ventrale de la queue.
- Après le vêlage, on observe pendant 5 à 8 jours des lochies, sécrétions sanguinolentes de couleur lie de vin. Elles correspondent à un mélange de restes d'eaux fœtales, de sang lié à la rupture du cordon ombilical ou de débris de placenta. Elles sont expulsées de la cavité utérine pendant la période post-partum.
Sécrétions anormales
Lors de métrite, les glaires de chaleur deviennent troubles et cassantes et peuvent contenir des filaments de fibrine.
Lors d'infections de l'utérus (pyomètre), du pus peut être observé en quantité plus ou moins importante, soit uniquement en période de chaleurs (lorsque le col est ouvert), soit constamment.
Vagin :
Des rétrécissements de la lumière vaginale provoquent une résistance à la mise en place du spéculum (persistance de l'hymen, brides vaginales) ou lors de sténose cicatricielle ou d'adhérences. Des augmentations de volume de la paroi sont observées en cas d'abcès, d'hématomes ou de kystes de rétention des canaux de Gartner ou des glandes de Bartholin. Chez les femelles free martin, la longueur de la cavité vaginale peut être anormalement courte.
La cavité vaginale peut également contenir de l'urine (uro-vagin), des excréments (fistule recto-vaginale), du mucus (lors des chaleurs) ou du pus (vaginite ou métrite).
Partie vaginale du col :
L'inspection du vagin permet d'examiner la partie postérieure du col, en forme de rosette (ou fleur épanouie). On note son aspect, sa couleur, le degré d'ouverture du premier anneau et les sécrétions éventuelles.
Pendant les chaleurs, le canal cervical s'ouvre et la muqueuse est congestionnée, alors que pendant la phase lutéale, le col apparaît ferme et pâle. On peut observer éventuellement des déchirures récentes ou plus anciennes (cicatrices).
Cet examen vaginoscopique est capital pour détecter précocement les métrites, notamment s'il est réalisé au moment des chaleurs. Il est réalisé systématiquement 30 jours après vêlage ou de manière ponctuelle, lors d'infertilité. Les sécrétions sont observées à la sortie du col ou sur le plancher du vagin.
Palpation du vagin
L'exploration vaginale par palpation est principalement indiquée lors de la mise bas ou chez les femelles en post-partum afin de vérifier l'intégrité du vagin et du col. Cette palpation est pratiquée avec la main et le bras gantés et après nettoyage de la région périnéale
Exploration par voie rectale
Technique
Le bras est ganté et lubrifié abondamment. Le pourtour de l'anus est massé et les doigts sont réunis en cône pour franchir le sphincter anal. L'ampoule rectale est vidangée afin que les doigts soient en contact intime avec la muqueuse rectale. Des ondes péristaltiques peuvent gêner l'examen.
L'examen doit être rigoureux et systématique pour explorer l'ensemble de l'appareil génital.
Palpation du col
Le col est d'abord recherché : il se trouve normalement sur le plancher du bassin, parfois un peu à droite en raison de la réplétion du rumen. Il a la forme d'un cylindre ferme de 7 à 10 cm de long et de 2 à 6 cm de diamètre. Par palpation rectale, il est possible de saisir entièrement le col et de le mobiliser. Le col ne doit pas présenter d'adhérences avec les organes adjacents.
Les augmentations de volume signent une mise bas récente, les dissymétries orientent vers un abcès, une blessure (lors de la parturition).
Il est à noter que certaines femelles peuvent présenter un col double ou au contraire une absence de col (femelles free martin ou génisses blanches).
Palpation des cornes
Après le col, la main palpe le corps utérin jusqu'à la bifurcation des cornes. En fait, les cornes restent attachées par les ligaments cornuaux, sur une bonne dizaine de cm de longueur. On suit alors les cornes utérines recourbées vers le bas et vers l'arrière de l'animal et divergeant latéralement. Les 2 éléments caractéristiques pour reconnaître les cornes sont le sillon entre les 2 cornes et leur courbure. Leur longueur est de 25 à 40 cm et leur diamètre est de 3-4 cm à la base des cornes, diminuant jusqu'à la jonction utéro-tubaire.
Une autre technique pour palper l'utérus consiste à placer la main bien en avant de l'entrée du bassin, les doigts incurvés ventralement, puis à le ramener vers l'arrière jusqu'à rassembler l'utérus dans la cavité pelvienne.
Si l'utérus est trop descendu dans la cavité abdominale, la mobilisation de l'utérus permet parfois de rassembler l'appareil génital dans la cavité pelvienne et de faciliter son examen. Les techniques de mobilisation de l'utérus sont les suivantes : (1) saisir le col et tirer l'utérus vers la cavité pelvienne. (2) saisir l'utérus entre les 2 cornes pour le déplacer vers l'arrière (3) ramener l'utérus dans la cavité pelvienne en le maintenant dans son ensemble entre la main et l'avant bras.
Volume
Chez les femelles free martin, il peut exister une hypoplasie ou une aplasie des cornes utérines. Chez les génisses ou les vaches primipares non gravides, les cornes sont rassemblées dans la cavité pelvienne. Par contre, chez les vaches plus âgées ou lors de contenu utérin important (gestation, métrite), l'utérus descend dans la cavité abdominale, au-delà du bord antérieur du pubis.
La taille de l'utérus augmente lors de gestation, l'utérus descend dans la cavité abdominale jusqu'à atteindre la paroi abdominale droite. L'utérus ne reprend sa forme et ses dimensions normales qu'environ 1 mois après la mise bas. Cette phase est appelée involution utérine.
Forme
L'asymétrie des cornes utérines peut correspondre à la déformation de l'utérus consécutive à des gestations successives. Cette asymétrie des cornes est également un signe du début de gestation.
Consistance
La consistance de l'utérus varie au cours du cycle œstral : Pendant les chaleurs, l'utérus est oedématié et relativement mou en début de palpation, au cours de l'examen, l'activité contractile du myomètre entraîne un affermissement de l'organe. Sa consistance est plus souple et constante pendant la phase lutéale. Cependant, ces modifications ne sont pas suffisantes pour situer une vache dans son cycle.
Lors de gestation, la consistance de l'utérus est liquidienne, fluctuante.
Une consistance pâteuse de l'utérus à l'examen est signe d'infection utérine. La paroi utérine peut présenter des indurations correspondant à des formations cicatricielles.
Mobilité
Les cornes utérines sont normalement mobiles dans l'abdomen.
La mobilité peut être diminuée en raison d'adhérences formées entre le grand omentum, la paroi abdominale ou les organes adjacents (après césarienne, par exemple).
Palpation des ovaires
Les ovaires sont situés au niveau de la branche montante de l'ilium, on les palpe soit en suivant l'enroulement des cornes utérines, soit en les recherchant latéralement, de 2 à 5 cm de part et d'autre de la bifurcation utérine. La taille des ovaires varie en fonction des organites présents, elle est environ de 3-5 cm de longueur et de 2-4 cm de largeur.
Lors d'anoestrus, les ovaires sont de petite taille et lisses, aucune structure n'est détectable à leur surface. Il existe également des cas d'hypoplasie ovarienne d'origine héréditaire.
Sur l'ovaire, on recherche des structures physiologiques, le corps jaune ou des gros follicules et éventuellement des formations pathologiques, des kystes par exemple. On différentie ces organites par leur taille et leur consistance.
Les follicules se présentent sous la forme de vésicules à contenu liquidien, à paroi mince et enchâssées dans le stroma ovarien. A la palpation, on perçoit une structure lisse, sphérique et dépressible, qui déforme peu la surface ovarienne. Le diamètre varie de 1 à 2 cm pour les gros follicules.
Les corps jaunes sont des formations plus denses non dépressibles, faisant saillie à la surface de l'ovaire. Un sillon disjoncteur sépare la surface de l'ovaire de la partie proéminente du corps jaune, dont la forme est classiquement comparée à un bouchon de champagne. Les corps jaunes sont palpables à partir de 4 jours après l'ovulation. Le corps jaune mature a une taille de 2 cm sur 3 cm. En fin de cycle, le corps jaune peut persister jusqu'à 4 jours après l'ovulation, sa taille est plus réduite (1 cm à 2 cm). Certains corps jaunes présentent une cavité en leur centre.
L'identification d'un corps jaune sur l'ovaire permet d'affirmer que la vache est cyclée. C'est la formation palpée pendant les 2 tiers du cycle chez la femelle cyclée.
Les kystes sont des formations dont le diamètre est supérieur à 2.5 cm de diamètre et qui persistent à la surface de l'ovaire. Ils concernent 5 à 10 % des vaches, notamment en postpartum. On distingue :
Les kystes folliculaires correspondent à des follicules n'ayant pas ovulé. Ils contiennent du liquide, ils présentent une paroi mince et sont dépressibles.
Les kystes lutéaux sont des structures lutéinisées, persistantes et à paroi plus épaisse.
Le diagnostic du kyste est établi par la mise en évidence d'une structure volumineuse (4-5 cm) ou par la réalisation de 2 examens à 15 jours d'intervalle et la palpation de la même structure persistante sur l'ovaire.
Palpation de la bourse ovarique et des trompes utérines (oviductes ou salpinx)
La trompe utérine est palpée au niveau du bord antérieur du ligament large où elle chemine de l'extrémité de la corne utérine jusqu'à l'ovaire. La trompe utérine est un cordon souple, de 10 à 15 cm de long et de trajet sinueux ; elle est assez difficile à palper en raison de son faible diamètre (1-2 mm).
La bourse ovarique est ouverte chez les bovins, elle est formée d'une partie du mesosalpinx et du mesovarium. En déployant la bourse ovarique avec l'index, on peut mettre en évidence d'éventuelles adhérences consécutives, par exemple, à une énucléation manuelle du corps jaune ou à une ovarite.
Les salpingites (inflammation de la trompe utérine) provoquent un épaississement des oviductes et des renflements irréguliers (oviducte en chapelet). Ces inflammations aboutissent fréquemment à l'obstruction des trompes utérines. Une augmentation du diamètre est observée lors d'hydrosalpinx ou de pyosalpinx, la trompe a alors une consistance liquidienne ou pâteuse.